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Photo du rédacteurLaurie Degryse - Love coach

Être entier.e pour une vie amoureuse plus sereine

Aujourd’hui, nous faisons peser l’ensemble de nos besoins et de notre bonheur sur notre conjoint.e. L’histoire de l’occident a vu se défaire les communautés, les villages, les familles en des sphères de plus en plus petites, jusqu’à la nommer le dernier noyau encore admis : la « famille nucléaire ». De plus, les abus et incestes subi durant l'enfance, malheureusement encore très fréquents dans nos sociétés, ont des répercussions sur nos relations amoureuses. Ces divers éléments ont rendu fragile notre sentiment d’appartenance, notre confiance en nous ainsi que notre place dans le monde. Comment dès lors, restaurer ces parties de nous-même pour vivre plus intensément et plus sereinement notre (future) vie de couple ? Quel est l'apport du chamanisme ? Quels sont les autres outils thérapeutiques qui peuvent nous y aider ?



Selon Sandra Ingerman, psychologue américaine et spécialiste du recouvrement d’âme par les rituels chamaniques, avec l’affluence dans les villes et l’individualisme grandissant, ainsi que les ruptures de couple plus fréquentes, les enfants issus de ces foyers brisés peuvent vivre ce que les traditions chamaniques appellent une « perte d’âme ».


Une perte d’âme est comme un nœud psychologique non résolu qui reste « coincé » à l’époque des faits. Cela peut provenir d’une chute à vélo, d’une opération chirurgicale, d'un abus dans l’enfance, d’une rupture amoureuse à l’adolescence, d’une humiliation profonde à l’école ou à la maison,… Les statistiques aux États-Unis dénombreraient 25% de familles américaines au sein desquelles les enfants subissent des mauvais traitements d’ordre émotionnel ou physique. C’est-à-dire que ces enfants sont susceptibles de vivre une perte d’âme, une perte de leur essence, de leur vitalité et qu’ils ont probablement de plus grandes difficultés d’accéder au bonheur dans leur vie à l’âge adulte.


Par exemple, si nous avions 4 ans lors du divorce de nos parents, et que cela nous a beaucoup blessé, que nous nous sommes senti.e profondément abandonné.e, cette partie de nous restera « coincée » à 4 ans, quelque part dans un monde parallèle. Cette « partie d’âme » n’est plus là, et ne nous permet pas d’accéder à la guérison aujourd’hui, en tant qu’adulte, nous mettant des bâtons dans les roues pour construire une relation amoureuse saine. Notre vie amoureuse montre alors que nous arrivons difficilement à maintenir une relation sur le long terme, que nous fuyons l’intimité, incapable de faire confiance à notre partenaire.


Dans ce cas, le rôle du « chaman », thérapeute spécialisé en rituel chamanique, sera d’aller dans ces mondes parallèles (le « monde d’en haut », le « monde d’en bas » ou le « monde du milieu ») à la recherche de cette partie de nous-même. Ceci afin de la ramener au temps présent pour nous permettre d’intégrer nos émotions liées à cet épisode et, enfin, arriver à le guérir. Cela nous ouvrant alors la voie à la possibilité de créer une relation amoureuse saine et durable telle que nous la souhaitons.


Concernant la thématique particulière des abus et incestes, Sandra Ingerman observe qu'un tiers des femmes et un cinquième des hommes qui la consultent en ont été victimes. Toute forme d’abus (sexuel, émotionnel ou physique) provoque une perte d’âme pour l’enfant, car il se sent envahi et complètement impuissant. Le monde devient un endroit dangereux pour lui, il y laisse une « partie de son âme » et de sa joie de vivre, de son insouciance. Il est alors confronté à un panel d’émotions compliquées : culpabilité, honte, amour, haine, dévalorisation, humiliation, colère, confusion, tristesse,… Et selon le contexte de l’abus, les conséquences peuvent être : des troubles du comportement alimentaire, des maladies, des abus commis sur autrui, de la dépression, des troubles de l’identité,… (voir posts : Ces croyances inconscientes qui nous limitent en amour et Comprendre et se libérer de la dépendance affective).


Par ailleurs, à l’époque, les communautés procuraient un cadre sécurisant pour élever les enfants en diminuant la pression sur les épaules des couples et en procurant un contrôle social. Cela protégeait probablement des risques d’abus et soulageait également des attentes envers le/la partenaire de vie, lesquelles sont aujourd’hui, toutes mises uniquement sur le/la conjoint.e (voir post : Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants...).


Ces communautés célébraient des rites de passage et accomplissaient des rituels pour et avec tous les membres, donnant ainsi un sentiment d’appartenance fort qui permettait l’accueil et le cadre chaleureux du « retour à la maison » d’une personne en phase de guérison. Malheureusement, de nombreuses personnes n’ont plus cet entourage bienveillant pour leur permettre de se sentir accueilli.e après une épreuve physique ou psychologique forte inhérente à nos vies.



« Durant des milliers d'années, des rites d’initiation ont enseigné à renaître en esprit, mais l’homme a oublié la signification de cette procréation divine, de nos jours. Cet oubli le conduit à souffrir d’une perte d’âme, un état malheureusement présent partout aujourd’hui. »

Carl Jung



« La perte d’âme dont parle Jung se manifeste dans notre culture à travers les crises auxquelles nous sommes confrontés (usage accru de drogues, violence, torpeur émotionnelle et morale) et à travers nos tentatives de régler ces questions morales et spirituelles en élisant des chefs blessés qui nous promettent des solutions économiques. »

Robert Francis Johnson, psychothérapeute, 1990



Une phrase encore criante d’actualité ! De plus, l’auteure affirme que la qualité de vie des personnes change en positif après la séance (arrêt du tabac, de l’alcool, meilleure alimentation et perte de poids, modification de choix de vie,…) et les relations conjugales s’améliorent souvent après un recouvrement d’âme.


En effet, cesser de projeter sur son/sa conjoint.e ce qui nous appartient et en prendre soin allège la relation de couple et diminue radicalement la fréquence des disputes. Parce que les partenaires deviennent alors plus indépendants et capable de faire des choix personnels qui les portent dans la vie, sans attendre que tout vienne de l’autre. Par contre, si les autres membres du système familial ne souhaitent pas ces changements, la modification de la dynamique relationnelle via le travail personnel d’une seule personne risque de créer davantage de stress et de conflits dû aux résistances aux changements (voir également le post : Ces petits jeux qui nous empêchent de nous aimer vraiment).


Enfin, les constellations familiales et systémiques, la psychogénéalogie avec ses actes symboliques ainsi que l’Internal Family System (IFS) partent du même principe que le chamanisme et utilisent des processus similaires tout en étant très différents les uns des autres. L’objectif est également de recouvrer des parties de soi pour pouvoir en prendre soin, dialoguer avec elles, les reconnaître dans leur vécu émotionnel, sachant que l’adulte que nous sommes aujourd’hui peut offrir à l’enfant de jadis l’attention dont il avait besoin. Lors des constellations familiales en groupe, l’encadrement par les individus présents lors de la séance et à la fin du travail permet de se sentir soutenu.e de manière plus intense, recréant par là le besoin d’appartenance et le sens de la communauté bienveillante accompagnant la guérison.




Pour aller plus loin :


- Sandra Ingerman « Recouvrer son âme et guérir son moi fragmenté. Le chamanisme au secours de la psychothérapie » Édition Guy Trédaniel, 6ème édition, 2021 ;


- Constellations familiales et systémiques en groupe ou en individuel à Bruxelles.




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