Nous entendons de plus en plus souvent parler des relations amoureuses en union libre ou relation libre. Cette forme d’union peut susciter des questions, interrogations, de la curiosité, du mystère, des fantasmes, des projections, de l’attraction ou de la répulsion. Se positionner pour ou contre cette forme d’union sans exclusivité sexuelle parle de nous, montre nos croyances, nos besoins, nos blessures, bref, ce n’est pas anodin. Qu’est-ce qui amène certaines personnes à choisir ce type d’union ? Qu’est-ce que cela implique concrètement ? Qu’est-ce qui peut nous effrayer, nous déranger à l’évocation de ce choix de vie amoureuse ? Quelles croyances ou blessures sous-jacentes sont activées ?
Tout d’abord, définissons les contours de ce concept : une relation libre, c’est une relation interpersonnelle à vocation amoureuse au sein de laquelle le choix conscient de la non-monogamie est consenti par les deux partenaires (voir post : Les deux sujets de discussion tabous au sein des couples). Le principe de base est que « le corps de l’autre ne nous appartient pas » et qu’il/elle est libre d’aller vivre une relation sexuelle et/ou romantique à court ou moyen terme avec d’autres personnes. Le couple fait le choix libre et conscient de la non exclusivité sexuelle et/ou émotionnelle.
Attention à ne pas confondre avec le polyamour, concept dans lequel les deux partenaires entretiennent plusieurs relations d’amour en même temps sur le moyen ou long terme. Ce n’est pas du libertinage non plus, car dans ce cas, les partenaires sont dans une relation d’amour exclusive mais s’autorisent des pratiques sexuelles libertines incluant d’autres partenaires (échangisme, mélangisme, voyeurisme,…) et le vivent comme un sport ou un loisir.
Les principes de base de l’union libre pour que tout se passe au mieux sont l’honnêteté et la communication. En effet, à l’inverse de la tromperie qui est cachée et qui est une trahison du contrat monogame prédéfinit, la relation libre est consentie des deux côtés, les relations extra-conjugales ne sont pas cachées : il n'y a donc pas la notion de trahison, de mensonge, de cachotterie.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne puisse pas y avoir de sentiment de jalousie, de peur de l'abandon, mais celui-ci sera énoncé, entendu, reçu, accueilli et géré par les deux protagonistes au sein du couple. En ce sens, les couples libres mettent leurs émotions à rude épreuve avec l’envie d’arriver à les partager et les transmuter, d’accepter l’autre dans ce qu’il/elle estime avoir besoin d’expérimenter et ce, sans le/la juger ni avoir besoin de le/la posséder.
En effet, vivre en union libre, c’est faire preuve d’une grande ouverture d’esprit, c’est modifier notre conception du monde telle que nous l’avons reçue via notre éducation, les films, la société et les médias (voir post : Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants...). C’est aussi s’ouvrir à faire des découvertes, explorer l'humain, c’est apprendre à gérer ses émotions et à en prendre la responsabilité, c’est communiquer sainement et régulièrement sur soi, ses émotions, ses limites. C’est faire un chemin de guérison de ses blessures de manque d’amour, d’abandon, de rejet si cela nous parle et nous inspire (voir post : En quoi certaines blessures d'enfance influencent nos relations amoureuses ? ).
Expérimenter une union libre, c’est être très au clair avec nos limites et être prêt.e à fixer les règles ensemble : ne pas loger chez l’autre personne, la/le voir maximum X fois, ne pas coucher avec un.e collègue ni un.e ami.e commun.e, pas de projet ni d'engagement émotionnel, uniquement lorsque nous sommes séparés par une longue distance (par le travail, par des lieux de vie différents,…), uniquement lors d’une période de séparation imposée et plus ou moins longue (mission à l'étranger de plusieurs mois,…),…
Même s’il est vrai par ailleurs qu’une sexualité régulière et épanouie crée une forme d’attachement biologique indispensable à la survie de l’espèce (pour l’éducation et la protection de la descendance notamment). Dès lors, nous avons le besoin d’être unique aux yeux de notre partenaire, d’être important.e, d’être la préférence, sa priorité, de supplanter les autres relations qu’il/elle entretient dans sa vie (collègue, famille, amis,…). C’est tout à fait naturel et légitime, il n’y a pas de honte à vouloir cela et il est important de se respecter si nous avons besoin d'exclusivité.
Puis, d’un point de vue psychologique, les questions à se poser avant de choisir d’entrer dans un couple libre concerne tout d’abord la raison qui nous pousse à cela : Est-ce un choix lié à une blessure d’amour-propre / de fuite de l’intimité ? Est-ce que la distance physique avec mon partenaire est trop difficile à vivre ? Est-ce que je suis prêt.e à l’engagement centré sur une personne / un projet ? Est-ce que je suis confiant.e ou insécurisé.e au sein de mes relations ? Est-ce que je suis persuadé.e que j’ai droit à l’amour (ou bien je n’y crois pas trop) ?
Ensuite, il peut être intéressant d’aller explorer d’autres notions : Qu’est-ce qui est important pour moi dans un couple ? Quels sont les projets qui font que nous nous définissons en tant que « couple » (enfant, professionnel, émotionnel,…) ? Est-ce que cela me convient d’être fidèle à nos projets communs plutôt qu’à un corps ? Quelles sont les limites qui me permettront de me sentir respecté.e dans cette relation ? Quand et comment ré-ajustons-nous ces limites ? Qu’est-ce qui me rend jaloux.se ? Pourquoi ? Quelles parts de moi sont-elles blessées ? Comment en prendre soin ?
Pour Céline* (nom d’emprunt), en couple depuis trois ans et assez jeune, exprime :
« Ouvrir notre couple, c’est l’occasion pour nous d’apprendre à aimer en se laissant « une marge d’erreurs », de se découvrir, de faire encore des expériences parce qu’on est très jeunes, pas prêts à « se fermer ». Faire tout ce cheminement avec la personne qu’on aime, c’est vraiment super. Par exemple, j’adore quand on se raconte nos coups (même foireux). J’ai l’impression que le couple libre offre la possibilité de concilier idéalisme et réalisme. ».
Pour Amandine*, en union libre depuis quatre années, explique faire la différence « Une personne que je rencontre pour une nuit ne pourra jamais éclipser la personne que j’aime et avec qui j’ai déjà vécu énormément de choses. ».
Évelyne* est heureuse en couple libre et nous dit : « Je pensais au départ qu’une relation exclusive était à la pointe du romantisme (je suis très fleur bleue), mais ma pensée a évolué en rencontrant des personnes jalouses et possessives. » parce que pour elle, « aimer une personne ne signifie pas qu’elle nous appartienne ».
Pour finir, gardons à l'esprit que ce choix peut évoluer dans le temps, ce n’est ni statique ni définitif. Par exemple, être ouvert les premières années de la construction de la relation, puis avec l’arrivée des enfants ne plus en ressentir le besoin, ensuite redéfinir les règles à chaque changement de vie afin de s’ajuster à ce qui est là et ce qui est juste pour les deux partenaires. Enfin, si l’expérience nous tente, n’oublions-pas que les maîtres mots de ce choix d’union sont le respect, le consentement, la communication et la tendresse réciproques. Et puis, la suite est laissée à la discrétion des partenaires amoureux, car comme disait ma grand-mère : « Chaque couple a ses arrangements » !
Pour aller plus loin :
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