Selon Maryse Lavillaureix, thérapeute de couple et formatrice à la Communication Non Violente, nous avons trois postures qui nous empêchent de vivre l’amour tel que nous le rêvons. Ces attitudes sont originaires de notre éducation, notre culture familiale, nos croyances et liées à notre difficulté à résoudre les conflits. Cela provoque des attitudes néfastes et non collaboratives dans le cadre de nos relations interpersonnelles et plus particulièrement dans notre couple.
La première posture identifiée est celle d’un manque de maturité émotionnelle. En effet, selon Maryse Lavillaureix, nous serions encore à l’école maternelle en ce qui concerne la gestion de nos émotions : nos colères, peurs,… provoquent des comportements servant à éloigner l’autre. Nous n’avons pas appris à réguler nos émotions, lesquelles sont une ressource naturelle de notre corps. Ce qui n'est pas la même chose que « gérer » les émotions, ce qui signifie mettre un couvercle dessus, sans régler la tension émotionnelle.
Effectivement, lorsque nous sommes en colère, nous avons seulement deux options : exploser (vers les autres) ou imploser (vers soi-même). Les conséquences sont : l’attaque, faire fuir, créer la peur,… En outre, concernant l’émotion de peur, la situation mise en place la plupart du temps est de se taire et de fuir dans sa grotte. Les conséquences relationnelles de ce comportement sont la distance relationnelle, le désert affectif, les non-dits, ne plus nourrir la relation,… inhérent à la peur du conflit. Cela fait remettre la discussion à plus tard, mais comment garder l’amour avec cette peur du conflit avec le conjoint ?
L’origine principale de cette réaction est une croyance de nos ancêtres concernant la responsabilité. Nous croyons fermement que c’est l’autre qui est responsable de nos propres émotions. Or l’autre est bien le déclencheur de l’émotion, mais non sa cause. Ce sont nos propres besoins qui en sont la cause. Ne pas reconnaitre comment fonctionnent nos émotions et quels sont nos besoins peut être dramatique pour le couple. Et nous avons beaucoup plus de pouvoir sur nos émotions que nous le pensons.
Ensuite, la seconde posture qui nous empêche de vivre l’amour comme nous le souhaitons est la dépendance affective ordinaire. Il s’agit du syndrome du « prince charmant » qui provoque la croyance que l’autre nous donne de l’amour et est notre unique source d’amour. Cela est vrai lorsque nous sommes bébé. Mais l’âge adulte nous propose de nous autonomiser et de devenir notre propre générateur d’amour en nous. Sans cela, nous sommes comparables à des mendiants d’amour, ce qui n’est pas la même chose que le sentiment amoureux. Devenir autonome affectivement signifie trouver notre propre énergie vitale, avoir de l’estime pour nous-même, avoir pleinement confiance en nous, faire circuler cette énergie d’amour (et non être dépendant de l’amour de l’autre). Un adulte autonome affectivement verra son partenaire amoureux comme « une cerise sur le gâteau » et non pas comme une quête de reconnaissance indispensable à sa survie émotionnelle.
Cette dépendance affective ordinaire a pour conséquence que lorsque notre partenaire est en colère, nous sentons qu’il/elle « coupe » l’énergie d’amour pour nous, et cela provoque la peur de perdre notre « pompe à essence » d’amour, cela réveille notre peur du manque. Les attitudes mises en place sont alors la soumission, la colère, la critique, l’attaque,… qui n’améliorent en rien la situation. Une croyance liée et fortement ancrée chez les femmes est « Il ne me regarde pas ». L’émotion cachée derrière est la peur de la solitude. Une croyance ancrée en l’homme et liée aux conflits de couple est « Je n’arriverai jamais à la rendre heureuse » et l’émotion qui se cache derrière est l’impuissance. En prendre compte lors des conflits de couple et choisir de prendre soin de nos blessures permet de dégager nos nœuds émotionnels du passé (lire le post En quoi certaines blessures d’enfance influencent nos relations amoureuses?).
Enfin, la troisième posture néfaste au bonheur conjugal est celle du combattant : quand le partenaire ne nous donne pas de l’amour comme nous l’attendons, au lieu d’être dans la coopération nous basculons vers la critique et l’attaque. Le piège principal est le cycle du conflit dans lequel cette attitude nous emmène.
Par exemple, un couple se trouve dans une voiture sur le trajet vers un dîner entre amis. C’est l’homme qui conduit, ils sont en retard et il roule vite. La femme a peur, mais ne sait pas réguler sa peur. Sa réaction émotionnelle de peur va se transformer en jugement qui attaque l’homme : « Tu roules trop vite ». La réaction de l’homme va être de la colère de se sentir jugé incompétent, il ne sait pas non plus gérer ses émotions et va fuir. Comme il fuit, la femme rejoue un tour. La conclusion erronée de ce conflit pourrait devenir « On est mal ensemble ». A l’inverse une réaction émotionnelle positive pourrait être « Je me sens en insécurité quand tu roules à cette vitesse, cela me provoque un grand stress et j’ai besoin de pouvoir me détendre avant d’arriver chez nos amis. Est-ce possible pour toi de diminuer ta vitesse pour que je puisse passer une bonne soirée? ». Comme a priori le partenaire tient à sa compagne et à son bien-être, il saura adapter sa vitesse pour qu’elle puisse passer une bonne soirée chez leurs amis.
Ce circuit de base « Quand je vais mal, j’attaque l’autre » provoque de nombreuses disputes qui pourraient être évitées si nous apprenions à parler de nous-même, sans critique et avec centrage (voir le post précédent sur Les outils de communication indispensables à la survie d’un couple). L’idée est de ne pas utiliser notre partenaire amoureux comme exutoire émotionnel simplement parce que nous ne savons pas réguler nos propres émotions. Apprendre à gérer les conflits et à fonctionner avec nos différences permet d’être dans une relation de coopération saine. Cela demande de grandir en conscience, devenir adulte, (re-)connaître nos cycles de conflits et apprendre à réguler nos émotions. Réguler nos émotions exige d’en prendre la responsabilité et d’être en posture de demande de coopération. Nous sommes tous les deux co-responsables du cycle du conflit, les deux s’entraînant mutuellement avec les jugements, la critique, les exigences, les croyances de « bien/mal », le déni de responsabilité du genre « Je n’ai pas le choix », le sacrifice (= « Je le fais payer à l’autre »),…
Pour finir, quitter ce combat offre le magnifique cadeau de découvrir la profondeur de la relation, l’empathie, la bienveillance mutuelle, l’amour partagé. Choisir d’être l’un pour l’autre des partenaires d’évolution et définir ensemble le sens du mot « couple » pour nous, aujourd’hui. Permettre aussi à notre partenaire de nous signaler quand nous ne prenons pas soin de nous-même, et de nous rappeler les conséquences que cela peut avoir sur le couple, la famille, nous-même. Aider l’autre à voir les choses sur lesquelles il est trop proche pour pouvoir les voir. Choisir de mettre le sujet de l’amour au centre de notre couple et de notre famille avec des questions régulières, au rythme qui est le bon pour nous :
« Comment ça va, l’amour en toi en ce moment? » « Est-ce que tu as du mal à avoir accès à tes ressources? » « Est-ce que tu t’aimes? » « Est-ce que tu te sens suffisamment aimé.e de moi en ce moment? » (voir le post Comment mieux s'aimer et se le dire?) « Qu’est-ce que je peux faire qui peut t’aider à te sentir aimé.e? » « Dis-moi si tu n’arrives pas à recevoir mon amour »
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