Selon Lise Bourbeau, il existe cinq blessures de vie, les « bagages » émotionnels de notre enfance, qui nous influencent dans nos relations avec les autres. Chacun de nous en avons une ou deux principales, rarement plus, même si nous pouvons percevoir un morceau de chacune dans notre fonctionnement. Elles nous guident encore aujourd’hui dans nos vies et nous a fait construire un masque, une adaptation pour survivre en société. Ce masque nous le portons quelques minutes, quelques heures ou en permanence en fonction de la profondeur de notre blessure. Cela a un impact sur nos relations, et notamment dans le couple. Chacune de ces blessures induit une fausse croyance qui nous limite dans la recherche du bonheur amoureux.
Premièrement, la blessure de rejet induit du perfectionnisme, du contrôle, une intellectualisation de la relation. La personne porte le masque du fuyant et la peur cachée derrière est la panique dans les situations qu’elle ne maîtrise pas, qui la figent sur place. En effet, son perfectionnisme prend le pas du « faire » sur « l’être ». Le sentiment dominant est celui de ne pas avoir le droit d’exister. Le besoin primordial pour elle est la reconnaissance, qu’elle recherche dans les yeux de son partenaire amoureux et de son entourage. La bienveillance et la valorisation lui permettent de prendre sa juste place dans le monde, car sa fausse croyance est « Je n’ai pas droit à la vie ».
Un partenaire avec le masque du fuyant cherche la solitude, se fait tout petit et se rend invisible. La personne se retire dans son cocon intérieur pour ne pas souffrir, tout en alternant avec des périodes de grand fusion amoureuse. La personne fuyante est portée sur les dépendances, comme les drogues ou l’alcool, qui lui permettent de fuir la réalité. Cette blessure de rejet a un impact également sur les relations sexuelles qui seront plus difficiles à vivre pour elle.
Deuxièmement, la blessure d’abandon : les ré-actions sont le besoin de fusion, de séduction, de victimisation, et son énergie dépend des relations avec les autres. La grande peur qui se cache derrière est la solitude, c’est-à-dire de ne pas savoir comment gérer ce moment seul, et la personne portera le masque du dépendant. Cela caractérise notamment les personnes en forte dépendance affective. La croyance limitante est « J’ai besoin des autres pour exister ». Cette personne demande beaucoup d’attention et de soutien à son partenaire amoureux, ainsi qu'à son entourage, ce qui lui permet de se sentir aimée.
En effet, cette personne dramatise des événements anodins et cherche à se sentir importante en attirant l’attention sur elle, par manque d’estime d’elle-même. Faire des choix seule est difficile, elle a besoin de l’avis des autres comme soutien émotionnel, et pratique des activités pour le plaisir de l’échange avec les amis/la famille plutôt que pour l’activité elle-même. Cette blessure augmente fortement le risque de se retrouver dans des relations amoureuses toxiques et malsaines avec le schéma bourreau-victime-sauveur. Elle est capable de ne pas voir sa propre souffrance et endurer le pire pour ne pas revivre un nouvel abandon. Capable également de grande empathie et de fusionner avec l’autre, le dépendant porte facilement les bonheurs et malheurs des autres et prétend, en retour, que les autres sont responsables de ses propres bonheurs et malheurs. Enfin, la blessure d’abandon provoque chez cette personne un grand besoin de séduction dans la sexualité, qu’elle aime beaucoup, car c’est un moment où elle se sent désirée.
Troisièmement, par rapport à la blessure d’humiliation, la personne ré-agit en étant hype-contrôlante d’elle-même, hyper-sensible, en demande de fusion, dépendante et portera le masque du masochiste. Elle se met dans des situations de souffrance de manière inconsciente et compense dans le domaine de « l’avoir » et du « faire ». La honte est très présente en elle. Sa grande croyance est « Je ne suis pas digne » et a pour conséquence d’avoir peur de la liberté, car cela l’amène dans le trop : trop d’alcool, trop faire, trop aider, trop travailler, trop dépenser,… Cette personne croit devoir tout prendre sur son dos et s’oublie souvent, se sentant rarement reconnue pour les services rendus. Son corps manifeste ce besoin de prendre de la place dans la vie des autres par une surcharge pondérale visible. Elle a besoin d’affirmer ses limites. Elle connaît ses désirs et ses besoins mais doit apprendre à les respecter ainsi que les exprimer sans avoir peur de passer pour égoïste.
La personne portant le masque du masochiste est serviable et loyale, se croit responsable de l’humeur des autres et s’oublie très vite, car elle pense ne pas être digne d’attention. Sa sexualité est teintée de honte véhiculée par la morale et la religion, et d’éventuels abus vécus. Cela engendre de se priver de ce plaisir, malgré une forte capacité à la sensualité et un vrai plaisir à vivre la sexualité.
Ensuite, la blessure de trahison provoque des ré-actions de contrôle, de séduction, de manipulation, de la colère et du mensonge. Le masque est celui du contrôlant : ses propres engagements sont respectés car il est essentiel d’être considéré comme fiable et responsable. La peur cachée derrière est la séparation. Dans une relation amoureuse, la personne ayant ce masque a un grand besoin de sécurité intérieure et agira pour le recevoir, tout en induisant l’inverse. Elle se pose dans une posture-type « regarde-moi » et son regard est intense, séducteur. Cette personne est celle qui a le plus d’attentes envers les autres, parce qu’elle aime tout contrôler et tout prévoir. Elle est également capable de sentir les attentes du conjoint pour y répondre, même si cela ne lui convient pas. Elle a besoin d’avoir raison et de convaincre les autres, et se met facilement en colère, croyant s’affirmer simplement. Ses humeurs sont très variables et perturbe son entourage. Une difficulté majeure pour elle est d’apprendre à lâcher-prise et vivre le moment présent.
La fausse croyance concernant la blessure de trahison est « Je ne peux pas faire confiance aux autres ». La personne dans ce cas utilise la manipulation et a des attitudes hypocrites, même sans s’en rendre compte. Dans un couple, par exemple, un homme contrôlant avec une femme dépendante prendra le pouvoir sur elle, et elle subira en silence si elle a la blessure et la peur de l’abandon.
La personne avec une blessure de trahison aura du mal à s’engager, de part la peur du désengagement. Un divorce ou une séparation amoureuse pour un contrôlant est vécu comme une défaite sérieuse, surtout lorsqu’elle est couplée avec la blessure d’abandon. En bonne séductrice, la personne contrôlante préfère la phase de la « passion » en amour. Sa vie sexuelle est satisfaisante dans le cadre d’un jeu de séduction, mais s’éteint vite après cette phase de la relation. Il y a souvent des blocages au niveau de la vie sexuelle, dus à de nombreuses peurs.
Enfin, la blessure d’injustice provoque de la rigidité, des doutes, du perfectionnisme. Sa croyance étant « Je dois être parfaite », cette personne est sensible à la justice et la justesse, à la perfection. C’est pour cela que son masque est celui du rigide. Son plus grand besoin est d’accepter ses ressentis et croire en sa valeur propre. En effet, elle ne se sent ni appréciée ni respectée à sa juste valeur. Elle est coupée de ses ressentis pour ne pas percevoir sa souffrance, et semble être froide ou insensible, tout en étant éternelle optimiste. Sa plus grande peur est la froideur, et elle adopte une attitude très chaleureuse même si les autres la perçoivent comme froide.
La personne portant le masque du rigide ne se sent pas digne de ce qu’elle reçoit si elle n’a pas l’impression de le mériter, d’avoir fait des efforts, ou une belle performance. Elle se sent facilement coupable et n’estime pas « avoir de la chance » mais « avoir fait des efforts » si quelque chose de bien lui arrive. La notion de « bien » et de « mal » est présente dans sa vision du monde et son langage. La notion de juste choix est importante pour elle, et elle doute souvent d’avoir pris la bonne décision. La personne rigide ne connait pas et ne respecte pas ses limites, car elle ne prend pas le temps de sentir ce qui est bon pour elle. Elle s’en demande trop, et du coup son entourage aussi. Elle a de la difficulté à recevoir, car cela signifie pour elle de devoir rendre la pareille pour que cela soit juste et équilibré.
A la maison, une personne rigide aime que tout soit bien rangé, allant jusqu’à l’obsession que tout soit parfait. Elle vit beaucoup de stress et peut aller jusqu’à l’épuisement en étant à la recherche de la perfection. Dans un couple, la personne avec une blessure d’injustice a du mal à se laisser aimer et à montrer son amour au partenaire, car elle se prive d’exprimer son amour et de percevoir ce qu’elle ressent. Dans la sexualité, il y a une difficulté à se laisser aller, à ressentir le plaisir, à exprimer la tendresse, malgré l’attitude pourtant très sexy. La peur de l’engagement est également présente, mais dans le sens de la peur de se tromper dans son choix.
Pour conclure, avoir conscience de ses propres blessures et bagages émotionnels de l’enfance permet d’avancer vers la guérison, d’adopter une attitude d’action et non de ré-action dans les relations humaines. Pourquoi ne pas également en parler avec son partenaire, dialoguer et échanger sereinement sur le sujet permettant ainsi d’expliquer à l’autre ses ré-actions parfois incompréhensibles. Cela évite, dans un couple, de se blesser l’un l’autre sur des points déjà brûlants. Cela permet aussi de trouver des solutions saines dans un esprit bienveillant pour chacun (et pourquoi pas avec l’aide de thérapeutes), et d’avancer ensemble vers la guérison et un relationnel amoureux harmonieux.
Pour aller plus loin :
- Lise Bourbeau, « Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même » aux Editions E.T.C., 2000 ;
- Consultations de love coaching à distance ou en présentiel à Bruxelles ;
- Ateliers sur les relations amoureuses.
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