En tant que célibataire isolé.e en confinement, l’annonce du déconfinement apporte son lot de peurs et d’angoisses car la vie de roi dans notre cocon douillet avait quelque chose de rassurant et de sécurisant. Qu'est ce qui provoque en nous cette réaction émotionnelle à l’idée de se déconfiner ?
Tout d’abord, selon Florence Sordes, maître de conférences en psychologie de l’Université Toulouse Jean-Jaurès, nous explique qu’il est prouvé que dès 10 jours de confinement, notre corps génère un état digne d’un stress post traumatique. Après un temps d’adaptation, et étant installés dans nos nouvelles habitudes de confinés, revenir à la vie d’avant peut provoquer à nouveau des émotions inattendues de peurs et d’angoisses.
En effet, Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste française nous explique que la vie seul.e chez soi a fait de nous des rois et des reines de nos journées et de notre lieu de vie. Dès lors revenir au travail et partager socialement un lieu nous demande de s’adapter à nouveau aux collègues, aux supérieurs, au caractère parfois enquiquineurs de certain.e.s ainsi qu’aux bus bondés ou aux embouteillages sur le trajet. La plupart du temps nous ne remarquons même pas que la vie en société nous demande de nombreux compromis desquels nous avons pu faire une pause ces dernières semaines. Nous avons pu expérimenter la vie dans notre monde intime et personnel, et le déconfinement nous propose de ré-apprendre la vie en communauté. Profitons-en pour affirmer de manière adéquate nos limites avec nos collègues, notre supérieur et pourquoi pas envisager du télétravail régulier pour prolonger ce confort récemment expérimenté.
Ensuite, en tant qu'isolé.e, le confinement nous a permis un certains confort de vie, hors du regard de l’autre : moins ou plus du tout de maquillage, s’habiller dans des vêtements plus confortables mais peut-être moins « présentables », prendre le temps de cuisiner un lunch sain et naturel,… Habitant seul.e, nous avons pris des habitudes qui ne tiennent plus compte de l’avis des autres, de leurs regards, de ce qu’ils « pourraient penser de nous ». Revenir au travail remet en route nos (très) vieilles habitudes de s’adapter au regard de l’autre. Pourquoi ne pas en profiter pour apprendre à être naturel.le, en tout lieu soi-même et continuer de s’aimer comme on le faisait en confinement ?
Puis, la sédentarité nous a permis de tester de nombreux cours de sport en ligne gratuitement ou payant. Une grande découverte de ce confinement est que finalement, suivre un cours de yoga de chez soi, c’est pas mal aussi ! Cela évite de perdre du temps dans les transports (et les embouteillages ou les métros bondés) tout en ayant les bénéfices du cours et les avantages d’être cosy à la maison. Et puis, au cours de yoga il y a rarement un bel homme célibataire à rencontrer de toute façon. De quoi ré-inventer notre (futur) planning d’activités et gagner du temps de sérénité.
Concernant la famille, si celle-ci était d’ordinaire un tantinet envahissante, ce confinement nous a probablement permis une grande bouffée d’air frais. A moins de s'être senti.e obligé.e d’appeler papa/maman chaque jour, nous avons pu choisir de faire une vidéoconférence ou non, choisir de demander de raccrocher quand c’était bon pour nous, et surtout, ne plus se sentir obligé.e d’aller les visiter tous les dimanches. Ce déconfinement peut donc provoquer une peur viscérale de revenir à l’ancien schéma relationnel duquel nous avons pu nous désintoxiquer ces dernières semaines. La dé-fusion parentale nous a permis de retrouver notre indépendance de réflexion, de choix, d’action. En résumé, nous avons grandi, nous nous sentons un peu plus adulte qu’avant le confinement. Profitons-en pour garder ces acquis bénéfiques et discutons de ces bienfaits avec les personnes concernées, par téléphone par exemple, avant de les retrouver en chair et en os. Expliquons notre besoin d’espace, exprimons nos limites et nos nouvelles résolutions (venir les voir un dimanche sur trois par exemple,…), redémarrons sur de nouvelles bases plus saines (pour nous). Cette autonomie nous permettra d’être plus équilibré.e dans notre prochaine relation amoureuse : gardons-la précieusement.
Par ailleurs, pour les personnes dépendantes affectives, ce confinement a sans doute été assez dur au niveau du sentiment de solitude. L’autre n’étant plus là pour nous rassurer, nous regarder, nous valider, nous aimer, nous avons dû (enfin!) prendre en charge nos propres besoins. Nous avons pu en profiter pour observer et peut-être déjà affronter nos manques, nos peurs, nos blessures d’enfance, notre manque de confiance en nous qui activait ce schéma et déséquilibrait nos relations interpersonnelles. Nous avons peut-être reconsidérer les rencontres sans lendemain qui ne nous apportaient qu’une illusion de lien. Nous avons peut-être (re)découvert une passion qui nous permet de nous épanouir sans plus attendre de l’autre qu’il/elle nous rende heureux.se. Nous avons pu faire un feedback sur nos relations passées et redéfinir nos limites et nos valeurs pour celles à venir (voir post Le mystère du coup de foudre dévoilé par la psychogénéalogie). Nous avons peut-être beaucoup discuté sur les sites de rencontres et observé que le dialogue sur le moyen/long terme est, tout compte fait, une manière de se découvrir l’un l’autre profondément, en dehors des attirances des corps et de la sexualité rapide (voir post Les questions à poser à son/sa (futur.e) partenaire pour (re)tomber amoureux).
En conclusion, le déconfinement progressif pour un.e célibataire, c’est reprendre sa vie oui, mais pas comme avant. C’est être désormais capable de mettre ses limites dans toutes ses interactions sociales (travail, famille, amour,…). C’est éviter de retomber dans une certaine servitude plus ou moins imposée par le rythme effréné de nos (anciennes?) sociétés. C’est repenser notre rapport au temps et à l’autre, c’est prendre (beaucoup) de temps pour soi, se recentrer régulièrement sur ses propres besoins et (re)découvrir ses envies. C’est pratiquer ses (nouvelles) passions, c’est continuer de créer de la magie dans notre vie quotidienne, juste parce qu'on aime la personne formidable que l'on est...
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